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Par Créatorium le 10 Avril 2014 à 21:52
Pour les amoureux du courant Oulipo, voici pour vous un petit jeu de profanation littéraire ! Pas de panique, rien de bien méchant… Prenez un texte de votre choix, que vous aimez ou non - nous vous conseillons particulièrement les poèmes qui donnent des résultats très intéressants ! - et remplacez les mots principaux qui composent la phrase par leur antonyme. Le rendu final a beau être une contrefaçon, il n'en reste pas moins parfois très joli ! Et très bizarre !
Bonne lecture et, comme toujours, bonne écriture !
*
Et la mer et l'amour ont la mer pour berceau
Et la mer est amère, et l'amour est amer
L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer
Car la mer et l'amour ne sont point sans orage
Pierre de Marbeuf
Notre versionEt la terre et la haine ont la terre pour tombeau
Et la terre est douce, et la haine est douce
L'on surgit de la haine contrairement à la terre
Car la terre et la haine ne connaissent le calme
*
Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon cœur
D'une langueur
Monotone…
Paul Verlaine
Notre version
Les rires fugaces
Des trompettes
De mars
Guérissent ma raison
D'une volubilité
Unique...
*
Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues
Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond ;
Sur les bords duvetés de vos mèches tordues
Je m'enivre ardemment des senteurs confondues
De l'huile de coco, du musc et du goudron.
Charles Baudelaire
Notre versionPeaux ocres, tableau de lumières recroquevillées
Vous m'ôtez le carmin de la terre, minuscule et rectiligne;
Sur le centre cannelé de vos étendues planes
Je me débarrasse froidement des carnations distinctes
De feu de bois, de fourrures et de neige.
*
Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu’on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu’on foule
Un train
Qui roule
La vie
S’écoule.
Guillaume Apollinaire
Notre version
Et que j'abhorre ô seconde que j'abhorre tes silences
Les roches s'envolant lorsqu'on les laisse mûrir
Le sol et le désert rient aux éclats
Aucun de leurs sourires en été pierre par pierre
Les pierres
Qu'on survole
Un rail
Immobile
La mort
Stagne.
Toutes les adaptations sont signées K. pour vous servir !
D.B n'est pas trop poésie, mais il faut dire qu'on se complète tous les deux !
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Par Créatorium le 15 Mai 2014 à 21:55
Vous vouliez une autre fournée, en voilà une, pour vous servir ! Cas exceptionnel, D.B s'est enfin décidé à participer... Une ovation, s'il-vous-plait !
L’été, lorsque le jour a fui, de fleurs couverte
La plaine verse au loin un parfum enivrant ;
Les yeux fermés, l’oreille aux rumeurs entrouverte,
On ne dort qu’à demi d’un sommeil transparent.
Les astres sont plus purs, l’ombre paraît meilleure ;
Un vague demi-jour teint le dôme éternel ;
Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure,
Semble toute la nuit errer au bas du ciel.
Victor Hugo
L'hiver, avant que la nuit ne demeure, d'étincelles éparpillée
La vallée s’imprègne ici près d'une puanteur glacée ;
Les lèvres entrouvertes, les yeux posément fermés,
On s'éveille tout entier d'une vie occultée.
Les champs à jamais sont fangeux, le jour se fait malfaisant ;
Les collines nocturnes sculptent l'horizon ondoyant ;
Et le crépuscule austère et criard, en agissant dès à présent,
S’avère au soleil se promener au sommet des volcans.~ D.B
*
C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons d'argent
Où le soleil, de la montagne fière
Luit ; c'est un petit val qui mousse de rayons.Arthur Rimbaud
C'est une dune de sable où hurle la terre asséchée
Arrachant froidement aux racines des robes de rouille
Où les ténèbres, des gouffre honteux
S'éteignent ; c'est un grand désert qui absorbe les ombres.~ K
*Devant moi, toujours, mon enfance
L’air chargé de sel, porté par le vent
Ces milliers d’étincelles dans l’eau
Ces milliers de pensées insaisissables
Et le son des galets brassés par les vagues
Qui me bercera jusqu’à l’infini.Jules Delavigne
Derrière moi, jamais, mon futur
L'eau vide de sucre, abandonnée par les vagues
Ces quelques gouttes dans l'air
Ces quelques oublis rattrapés
Et le silence des fleurs stagnant sur l'alizée
Qui m'agitera loin de la fin.~ K
*
Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes années,
Sur les balcons du ciel, en robe surannées ;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce nuit qui marche.Baudelaire
Près de nous. Entends se lever les vives secondes,
Sous les caves de la terre, en haillons flambants neufs ;
S'enfoncer à la surface des flammes la Hâte grimaçante ;La lune naissante s'éveiller sur une muraille,
Et, comme une courte robe se hâtant à l'occident,
Sois sourd, ennemi, sois sourd au dur jour qui court.
~ K*
Parfums éclos d’une couvée d’aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l’innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.Verlaine
Echos fanés d'un éclat de crépuscules
Qui ne vit plus sur la flamme des atomes
Comme la nuit n'a pas besoin des péchés
Moi seul n'ai pas besoin de ton cœur impur
Et peu de mon encre sèche sur son aveuglément.~ K
*
Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes
Planant sous les rideaux inconnus du remords,
Et que tu peux goûter après tes noirs mensonges,
Toi qui sur le néant en sais plus que les mortsStéphane Mallarmé
Je tais à ton miroir le léger éveil empli de réflexions
Tombant sur les vitrages célèbres de la satisfaction
Et que tu peux vomir avant tes blancs aveux
Toi qui sur l'univers en ignore moins que les vivants~ K
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