-
Vous vouliez une autre fournée, en voilà une, pour vous servir ! Cas exceptionnel, D.B s'est enfin décidé à participer... Une ovation, s'il-vous-plait !
L’été, lorsque le jour a fui, de fleurs couverte
La plaine verse au loin un parfum enivrant ;
Les yeux fermés, l’oreille aux rumeurs entrouverte,
On ne dort qu’à demi d’un sommeil transparent.
Les astres sont plus purs, l’ombre paraît meilleure ;
Un vague demi-jour teint le dôme éternel ;
Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure,
Semble toute la nuit errer au bas du ciel.
Victor Hugo
L'hiver, avant que la nuit ne demeure, d'étincelles éparpillée
La vallée s’imprègne ici près d'une puanteur glacée ;
Les lèvres entrouvertes, les yeux posément fermés,
On s'éveille tout entier d'une vie occultée.
Les champs à jamais sont fangeux, le jour se fait malfaisant ;
Les collines nocturnes sculptent l'horizon ondoyant ;
Et le crépuscule austère et criard, en agissant dès à présent,
S’avère au soleil se promener au sommet des volcans.~ D.B
*
C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons d'argent
Où le soleil, de la montagne fière
Luit ; c'est un petit val qui mousse de rayons.Arthur Rimbaud
C'est une dune de sable où hurle la terre asséchée
Arrachant froidement aux racines des robes de rouille
Où les ténèbres, des gouffre honteux
S'éteignent ; c'est un grand désert qui absorbe les ombres.~ K
*Devant moi, toujours, mon enfance
L’air chargé de sel, porté par le vent
Ces milliers d’étincelles dans l’eau
Ces milliers de pensées insaisissables
Et le son des galets brassés par les vagues
Qui me bercera jusqu’à l’infini.Jules Delavigne
Derrière moi, jamais, mon futur
L'eau vide de sucre, abandonnée par les vagues
Ces quelques gouttes dans l'air
Ces quelques oublis rattrapés
Et le silence des fleurs stagnant sur l'alizée
Qui m'agitera loin de la fin.~ K
*
Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes années,
Sur les balcons du ciel, en robe surannées ;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce nuit qui marche.Baudelaire
Près de nous. Entends se lever les vives secondes,
Sous les caves de la terre, en haillons flambants neufs ;
S'enfoncer à la surface des flammes la Hâte grimaçante ;La lune naissante s'éveiller sur une muraille,
Et, comme une courte robe se hâtant à l'occident,
Sois sourd, ennemi, sois sourd au dur jour qui court.
~ K*
Parfums éclos d’une couvée d’aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l’innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.Verlaine
Echos fanés d'un éclat de crépuscules
Qui ne vit plus sur la flamme des atomes
Comme la nuit n'a pas besoin des péchés
Moi seul n'ai pas besoin de ton cœur impur
Et peu de mon encre sèche sur son aveuglément.~ K
*
Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes
Planant sous les rideaux inconnus du remords,
Et que tu peux goûter après tes noirs mensonges,
Toi qui sur le néant en sais plus que les mortsStéphane Mallarmé
Je tais à ton miroir le léger éveil empli de réflexions
Tombant sur les vitrages célèbres de la satisfaction
Et que tu peux vomir avant tes blancs aveux
Toi qui sur l'univers en ignore moins que les vivants~ K
-
Commentaires