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Par Créatorium le 17 Avril 2014 à 22:06
Encore une fois, voilà qu'on vous mâche le travail… toute la consigne est dans le titre ! Plus qu'une seule chose à faire : ECRIVEZ. On sait tous que vous faites ça bien. Alors lancez-vous. Choisissez un thème, vous avez dix minutes…
Top chrono !
Bonne lecture, et bonne écriture !
Ciel
Est-ce que J'aurai mal fait les choses ?
Impossible.
…Serait-il possible que J'ai fait une erreur ? Que Je Me sois trompé dans l'engrenage du monde, aie oublié, quelque part, une pièce de puzzle cosmique, aie laissé un trou vide de couleur dans l'éther de l'univers ?
Impensable.
Je regarde, assis sur le rebord du plafond stellaire, hors du temps, hors de l'espace, les saisons qui défilent, les guerres qui tuent, les enfants devenir grands, les grands devenir vieux ; j'écoute le tic-tac du cœur des terres et des êtres, vois défiler les parallèles et contemple, passif, les étoiles qui dansent, les lumières qui voyagent, les choses qui meurent ou qui demeurent.
… divertissant. Jamais encore il ne M'est arrivé de M'ennuyer.
Non, décidemment, tout est absolument, définitivement, parfaitement imparfait. Délicieusement imprévisible, imprévisiblement impitoyable, impitoyablement beau.
Je peux être fier de Moi.
Des nuages s'amoncellent dans un coin du monde, lourds de menace, crépitant. Dire qu'il y en a sûrement qui penseront que c'est de Ma faute…
Je regarde l'orage éclater depuis la hauteur de Mon Ciel.
Comment peut-on Me croire capable de créer pareille merveille ? ~K.
Beverly planta son regard dans le ciel. Elle ne savait pas quoi y trouver, ni quoi y chercher, mais la quiétude qui s'incarnait dans le doux mouvement des nuages lui permit d'oublier, l'espace d'un instant, la flèche de douleur pure qui traversait son corps. Déjà, elle perdit l'usage de ses jambes, n'y sentant plus la caresse de la brise d'été ni même les griffures du gravier. Sa bouche ne fut qu'une réservoir de sang, d'incompréhension et de colère, noyant sa langue dans un sirop poisseux qu'elle ne réussit pas à cracher. Elle aurait voulu serrer les poings, hurler, pleurer, mais les tremblements qui secouèrent ses poignets, le râle qui gonfla sa gorge et les perles salines qui sillonnaient ses joues fut les seuls gestes qu'elle fit d'elle-même.
Alors elle regarda le ciel. Profondément, dans toute sa grandeur. Elle voulait y dénicher un signe, un motif, une raison qui aurait expliqué ses maux. Peut-être y trouverait-elle tout simplement le repos, le sérénité, la fin d'une souffrance non méritée. Peut-être, tout simplement, tentait-elle de se convaincre qu'elle y verrait un autre aspect de sa vie, un chemin jusqu'alors secret, un sentier dissimulé. D.B
Parents
Axel ne tenait tout simplement plus en place. Son regard fuyait de l'horloge à son assiette, de son assiette à sa montre, de sa montre à la fenêtre, de la fenêtre à l'horloge. Il avait chaud, puis froid, tour à tour brûlant puis gelé. Dans sa tête virevoltaient une pléthore de scénarios, de choses à dire, à faire, à oublier, à penser…
Et, assis en face de lui, comme inconscients de l'orage qui l'emportait, ses parents mâchonnaient avec une indescriptible lenteur la fin du repas.
Pitié qu'ils s'en aillent…
La nervosité allait finir par le faire exploser. C'était le jour J, il le savait, et ça le rendait malade à un point qu'il n'aurait jamais imaginé.
Son portable vibra dans sa poche en lui arrachant un violent sursaut et, sans se préoccuper du regard noir de sa mère, il le sortit et consulta sa messagerie.
Ewen.
Alors ça yé ?! Je suis enfin le cousin d'un homme, un vrai, ou t'es encore puceau ?! ;D
Axel réprima un rire nerveux et éteignit son téléphone, les mains tremblantes.
- Bon, lâcha sa mère au bout de ce qui paru être une éternité. On va y aller, nous… Il y a des glaces dans le fraiseur et ton père t'as loué des DVD. T'es sûr que tu ne vas pas t'ennuyer ?...
- Nan, t'inquiète, ça va aller.
- Ça ne te dérange pas de rester la nuit tout seul ?
Son cœur rata un battement. Rêvait-il ou son père venait d'insister sur le "tout seul" ?
- Mais non, ça va ! Au pire je peux toujours appeler Ewen…
Ses parents échangèrent un regard entendu puis se tournèrent vers lui, emplit d'hésitation. Sa mère ficha avec une expression effrayante ses yeux dans les siens, fuyants.
- On te fais confiance, Axel. Ton père et moi comptons sur toi. Pas de conneries.
- Mais non… soupira-t-il en priant intérieurement pour qu'ils abrègent au plus vite.
- Et hors de question qu'elle vienne à la maison, assena l'homme d'un voix dure. Tu vois de qui je parle…
Il leva les yeux au ciel.
- … alors à demain. On rentrera dans l'après midi.
- Amusez vous bien !
Son père se leva pour l'embrasser et Axel, perplexe, sentit sa main frôler son genou pour y déposer discrètement quelque chose. Il fit semblant de ne rien remarquer pendant que sa mère le serrait furtivement dans ses bras.
Dès qu'il eurent quitté la pièce, Axel pencha les yeux.
Il ne put s'empêcher de sourire en se prenant le visage dans les main, se mordant la lèvre pour ne pas rire. Un petit carré de plastique bleu trônait sur sa cuisse droite, abhorrant fièrement un post-it froissé : "BONNE CHANCE !" ~K.
― Les enfants sont incroyables.
― Dans quel sens ?
― Et bien, dans le sens où ils incarnent non seulement l'Innocence du monde, mais également la Vérité.
― Comme dans le proverbe « La vérité sort de la bouche des enfants » ?
― Non, absolument pas. Notez-le bien, les enfants ne sont pas les porte-paroles de la vérité telle qu'on peut la concevoir, mais bien la Vérité dans son ensemble. Celle qui est absolue, immuable.
― J'avoue que je ne comprend pas très bien.
― Prenons un exemple très simple. Un enfant de quatre ans, en bonne santé mentale, vivant dans une famille aimante et sans problème, aura coutume de dire que ses parents sont littéralement les meilleurs du monde, et ce sous tous les points. Cette vérité là est pour eux comme un moyen de ne pas perdre pied dans le vaste monde qui les entoure. Un pilier pour garder équilibre, en qui se fier corps et âme. Pourtant, arrivé à l'âge de l'adolescence, les enfants prennent peu à peu conscience qu'ils possèdent le contrôle de leur vie, de leur sentiment, de leur façon d'être, et, résultat, se montrent alors plus indépendants. La solitude est pour eux la solution la plus efficace pour trouver ce qui les caractérise, et pour se faire, ils se détachent peu à peu de leur parent, jusqu'à, dans certains cas, les oublier, les mépriser, les réduire au ô combien douloureux statut d'inconnus. Mais ce n'est que, vingt ans, trente ans, un demi-siècle plus tard, que sais-je, qu'ils se rendront compte de l'irréversible faute qu'ils ont commis. La mort les frappera de plein fouet, avant qu'ils ne prennent conscience de l'amour qui, dès le plus jeune âge, les aidait encore à tenir debout, à vaciller certes, mais à clopiner vers cette figure majestueuse qui comblait leur rêve. Vous comprenez ?
― Je crois oui.
― La Vérité est là, mon cher ami, et elle ne cessera jamais d'exister. Non, jamais... D.B
Amour.
J'ouvre les yeux. Le volet laisse passer une lueur trop faible pour qu'on lui donne le nom de Jour mais qui a suffit à me réveiller. Mes membres sont encore engourdi par le sommeil et, alors que j'enfouis mon visage dans les plis tièdes du drap, j'entends quelqu'un respirer.
Là, à quelques centimètres.
Je me retourne. Ses cheveux en bataille sur l'oreiller découvrent son cou pâle. Sa poitrine se soulève au rythme lent et calme de son souffle, discret comme un murmure.
Ma main glisse le long de son bras, caressante, et je sens sa chair qui frissonne. Mes lèvres se rapprochent et je m'imprègne de son odeur ; elles effleurent le creux de sa clavicule nue, remontent la courbe de sa nuque, balayent son front, dessinent le pourtour de son visage endormit. Je sens sa respiration devenir saccadée, je peux entendre son cœur qui bat.
Des mots, trois mots tout simples me brûlent la gorge. Mais je me retient de les lui susurrer.
Je me lève et vais refermer le volet, pour ne pas qu'un rayon de soleil inquisiteur vienne à ma place caresser sa peau.
Ne pas troubler son sommeil. ~K.
Haletante, Lucie poussa un dernier et ultime hurlement.
La gangue de douleur qui l’étreignait s’estompa brusquement, essoufflé par l'appel d'un souffle nouveau. Trempée de sueur, vidée de ses forces, elle perdit peu à peu conscience de ce qui l'entourait, de son époux qui lui mordait les lèvres et de l'exquise chaleur qui englobait son bas-ventre. Maladroitement, guidée par un instinct renouvelé, par une lumière soudain éclatante, elle leva les bras et cueillit au creux de ses seins l'objet de ses désirs.
Doux.
Délicat.
Fragile.
Faisant abstraction de l'aspect humide et de l'odeur soutenue, elle posa ses lèvres sur le sommet de cette chose qui, s'il lui avait causé tant de mal, lui procurait désormais un plaisir indicible. Quelque chose d'évident qui venait de s'allumer en elle comme s'allumerait un brasier incandescent dans un univers d'incertitude et de peur.
Qu'allait-il advenir d'elle, de son avenir ?
Lucie n'a pas peur.
N'a plus peur.
Sa vie vient certes de prendre un virage des plus serrés, mais la route qui en découle s'avère tout aussi magnifique.
― Je t'aime, mon amour.
Un souffle.
― Moi aussi.
Lucie se met à pleurer.
Son bébé dans les bras. D.B
Chocolat
Je nage. Je nage dans un torrent de chocolat chaud, crémeux, léger, velouté, et chacun de mes coups de pieds soulève une gerbe qui éclabousse tout autour. L'herbe dans laquelle je m'allonge est faite de fins copeaux chocolatés. Les murs autour de moi fondent, et sur leur surface dégouline la plus délicieuse des sauce de cacao noir, torture pour l'esprit, invitation au pêché de gourmandise. J'ai l'impression de sentir son odeur partout, mes sens sont en extase ; du chocolat blanc, sucré, semble parsemer par pépites la terre mousseuse comme du liégeois. Je n'existe plus, je ne vois plus, je me contente de sentir, toucher, goût...
Assise devant mon assiette de légume verts, je me prends la tête entre les mains.
Ça frôle le masochisme. ~K.
Charly ne peut plus attendre.
Ses doigts se promènent sur la surface brunâtre sans qu'il ne puisse en contrôler la volonté, exécutant une rosace de cercles maladroits qui se répandent en lui selon une cascade de frissons langoureux.
Il a envie d'y goûter, envie de briser la barrière qui le sépare de ce fantasme auquel il ne peut résister. Il plonge alors ses lèvres sur l'objet de ses convoitises, léchant chacune des parcelles qui lui sont offertes.
Gourmand.
Le goût explose sur sa langue en une myriade de saveurs insoupçonnées, une chape de beauté chaste et de lumière colorée se dépose sur son cœur. Son âme vibre d'excitation, alors qu'un rire, frais et timide, l'englobe de sa clarté légère.
― Charly, arrête, tu me chatouilles !
― J'y peux rien. J'adore le chocolat. D.B
C'est fou, non ? On en dit des choses, en seulement quelques minutes...
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