• Parfois, ce qu'on souhaite se résume à pas grand-chose : un mot, une idée, une malheureuse étincelle d'inspiration pour remplir cette maudite feuille blanche qui nous nargue. Mais l'inspiration nait d'un rien ! Le jeu que nous vous proposons, cette fois-ci, est simplement, à partir d'une image, de jeter sur le papier tout ce qui vous vient.

    Pour couper court à notre flot intarissablement bavard, nous nous étions donné une limite de trois phrases, mais les limites du jeu n'appartiennent qu'à vous !

    Vous connaissez la comptine : Bonne lecture, et surtout… Bonne écriture !

     *

    image 1

    Et sur les lèvres roses que le froid glaçait

    Valsait un souffle de buée

    Entre les cheveux électriques cristallisaient

    Paillettes de givre argenté

    Vent mordant ciel austère

    Palimpseste de l'hiver…

    ~K.
     

    Violette retint son souffle.

    Le cou et la moitié du visage parsemés de poudreuse, la jeune fille toisa avec défi l'autre adolescent qui, plus loin, avait silencieusement attendu la meilleure occasion pour lui lancer l'énorme boule de neige qu'il avait façonné et tenu entre ses gants.

    - Tu vas payer, murmura-t-elle, un sourire léger flottant sur ses lèvres humides comme flottaient les flocons autour d'elle.

    D.B.

     *

     

    Ses mains se plaquent contre la vitre la vitre froide, laissant leur empreinte dans la buée qui recouvrait le plexiglas, voilant les gouttes de pluie qui s'y précipitaient, s'entremêlaient et se séparaient comme autant de minuscules estuaires créés par l'averse torrentielle au-dehors ; de l'autre côté, à quelques centimètres derrière la frontière de verre, les torrents d'eau diluvienne venu du ciel nocturne dessinaient en s'écrasant la silhouette sombre d'une voiture, à l'arrêt elle aussi. Anne aperçu cette ombre, celle de cet autre passager, étranger, dans cet autre habitacle surchauffé - autant dire dans cet autre monde, qui parlait peut-être une autre langue, suivait sûrement une autre direction, pour un autre antipode, dans la poursuite d'un autre destin.

    Et si, au lieu de laisser leurs moteurs respectifs les entraîner loin sur des kilomètres d'asphalte, ils osaient l'un comme l'autre ouvrir la fenêtre, se risquant au dehors, que se passerait-il alors ?...

    ~K.

    J'aimerais te dire de ne pas pleurer, te prendre dans mes bras tandis que le besoin de caresser le galbe de cette nuque gracile se ferait ressentir.

    Mais comment oublier cet ultime baiser ?

    Quand tu liras ceci, je serai sûrement déjà loin, mais jamais, on non jamais, je ne pourrais me résoudre à écarter de ma mémoire ce moment où, intemporels, nous avions passés outre les limites qui régulaient nos vies, où, liés comme un seul être, nous avions partagé le temps d'un dernier instant cette chaleur qui animait nos cœur, avant que, portés par le vent du Destin, nos voitures s'écartent et empruntent le chemin parallèle de nos vies...

    D.B

     *

    Ses cheveux, granuleux de sable, lourds d'eau, sa peau fraîche, humide, son regard d'océan, son odeur d'iode, ses lèvres au goût de sel…

    Perdu, échoué dans le ressac, ma main glisse sur les écaille moirées, s'égare sur ses seins nus et froids, mon esprit se noie entre les vagues, incapable de respirer, il suffoque, disparait à jamais…

    Le dernier rêve désespéré d'un naufragé, esseulé, et que la mer a rendu fou...

    ~K.

     

    Il y avait tout d'abord cet air iodé, charrié par rafales discontinues, puis ces nuées de sable rapportées de loin et emmenées tout près, la caresse feutrée de l'écume mourante sur la grève, ces battements d'ailes légers retenus comme un souffle sur le point de s'évanouir.

    Il y avait ensuite ces cheveux de feu, prouesses de beauté et invitation à la luxure, collés à cette peau vierge de toutes imperfections, tel un ciel d'une pâle blancheur tranché ici et là de rayons décolorés, comme autant de veines mises à nues.

    Et enfin ce visage, ces lèvres retroussées en un sourire éternel, si rouges, si profondes qu'elles semblaient imbibées de sang, ces pommettes hautes dessinées avec une grâce qui n'avait d'égal que sa beauté, et ces yeux, mon dieu, ces yeux... véritables appel à l'abandon, d'un bleu si absolu qu'il avalait toute lumière, mais d'un bleu si vide de vie que rien au monde n'aurait pu l'éclairer.

    D.B

     *

     

    J'ai voulu voyager, j'ai voulu me perdre, j'ai voulu fuir, j'ai voulu oublier.

    Voilà, j'y suis : maintenant que le ciel me frôle, que les étoiles m'observent, que les ombres sont devenus humaines, que la nuit semble posséder une voix et que le vide m'appelle, sous moi à mes pieds, sur moi au dessus de ma tête, j'y suis enfin, perché sur le front du monde ; j'en ai le tournis.

    J'ai voyagé, je me suis perdu, j'ai fuis, mais je n'ai toujours pas oublié…

    ~K.

     

    Cartographie de l'univers,

    Croisement des étoiles,

    Constellations.

    Colère des Dieux,

    Crêtes escarpées,

    Dentelles.

    Unique lien,

    Grain dans le désert,

    Goutte dans l'océan,

    Homme.

    D.B


  • Commentaires

    1
    Maëlle
    Lundi 28 Juillet 2014 à 19:39

    Dernière image. 

    Sous les étoiles :

    Je contemple l'infini. Pour la première fois après ma suite, je me sens bien. Le monde de Têta est un calvaire. Je suis faible, je l'ai toujours été. Alors je me suis enfui. Même quand j'ai renversé la fillette, j'étais nul. Maintenant, je suis bien. Je ne vois même plus les lumières blanches qui me cherchent dans le désert. Malgré la faim, le froid, la peur... toutes mes émotions ont disparu. Je suis soudainement devenu insensible, et alors, tous mes démons sont partis. Je pourrais même plonger dans le vide, à un pas, je ne crierais même pas.

    Têta, c'est l'enfer. Non, même pas. C'est plus que cela. C'est autre chose. C'est l'endroit où je méritais d’atterrir. Devant moi, au delà de la falaise que je surplombe, il n'y a rien, sous les étoiles. Les roches dur, sèches, inhospitalières. Et pourtant, c'est désormais chez moi. il faut que je l'accepte. Le vent s'engouffre dans mes cheveux, c'est frais, c'est bien. Les émotions reviennent brutalement, accompagnées des vieux démons qui me hantent. Je m'écroule en sanglotant, dans la poussière qui me pique les yeux et qui me font pleurer depuis que je suis dans ce monde. Mais je pleure aussi très bien tout seul.

    Qu'est-ce que je fais ici ? Il faut que je parte. Ou ils me retrouveront. Avec leurs chiens, leurs bâtons, leur grillage, leur baraquement trop étroit, leur portion de nourriture dégueulasse et la peur au ventre, chaque jour, d'être choisi, et de finir exécuté. Je me relève et je descends petit à petit la haute falaise. Qui sait, peut être trouverais-je quelque chose dans ce désert sous les étoiles.

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